Jeudi 17 avril

Voici pour commencer un petit texte inachevé.
Récit d'un rendez-vous.

Les premières lignes :

Une semaine, déjà. Il m’a donné rendez-vous dans le café au coin de la rue qu’il a l’habitude de fréquenter depuis le décès de sa femme. Je passe toute la matinée à me préparer, à me faire belle pour lui. Un dernier coup d’œil au miroir : je suis belle. Je sors. J’arpente les rues avec fièvre. Je m’inquiète de savoir comment il me trouvera. Peut-être que je me suis trop apprêtée, après tout. Il s’attend sans doute à me voir comme tous les jours, dans une robe fleurie, les épaules couvertes d’un cardigan en coton et aux pieds, des chaussures vernies. Je suis idiote. Je suis trop apprêtée. Je m’en veux. Je vais paraître ridicule. Ma tenue va rendre la rencontre gênante, le ton emprunté. Nos sourires seront crispés. J’ai tout gâché. Ce rouge à lèvres a tout gâché. Ces cheveux frisés ont tout gâchés. A cause d’eux, rien ne sera comme prévu. Il saura que je sais. Il saura que c’est le moment. Que je suis prête, qu’il doit parler. Il sera tendu et parlera de travers. Il dira des banalités et moi je me forcerai de les écouter. Peut-être même qu’il n’osera pas me parler, du coup. Voilà que j’approche du café. Il est dos à la vitre. Il est face aux toilettes. Je vois sa nuque souple, ses cheveux en bataille. Je suis sûre maintenant qu’il ne parlera pas. J’entre.